J'ai envie de partager quelque chose de plus personnel aujourd'hui.
L'année dernière, je suis devenue maman. Pour la première fois.
Je suis tombée enceinte en août 2012, mon fils est né en mai 2013.
J'ai vécu une grossesse plutôt calme.
Le premier trimestre, ça ne s'est pas trop vu, étant enrobée de base... J'étais un peu déçue car j'avais envie que le MONDE ENTIER sache que je suis enceinte, que cet enfant était voulu, désiré. Et puis les hormones aidant, je suis devenue exécrable. J'ai même fait pleurer quelqu'un à qui j'ai balancé ses 4 vérités.
Le deuxième trimestre, on connait enfin le sexe du bébé, et après 10 min d 'examen, l'annonce tombe. C'est un garçon. Ah. Bon. Mais moi je voulais une fille. J'ai grandit dans une famille principalement régie par ma mère, avec mes deux petites sœurs, et j'en ai des souvenirs absolument fabuleux; j'ai surtout une complicité incroyable avec ma mère que je souhaitais retrouver avec ma propre fille.
J'ai mis quelques heures à digérer la nouvelle. J'étais triste. Mon mari lui, était heureux comme tout ! Dur de ne pas partager ce bonheur.
Plusieurs amies m'ont dit "mais tu sais, une relation entre une mère et son fils, y'a rien qui n'y ressemble. Tu seras la première femme de sa vie, son modèle, sa référence."
Et puis je me suis dit au final que garçon ou fille, je l'aimerai quand même mon bout de chou <3
Le troisième trimestre, je commence ma mutation en baleine mais je pète le feu. Je danse autour de ma table basse quand un de mes candidats préféré de Top Chef reste dans l'aventure (JORIIIIIS <3), je pars en voyage de noces au Canada enceinte de 6 mois et quelques, j'affronte les températures glaciales et je marche dans des endroits où il y a de la neige jusqu'au genoux, je fais des balades pendant des heures et des heures à faire la touriste émerveillée dans Montréal, je partage des moments oufissimes avec des personnes qui me sont chères.
Lors de mon retour en France, le couperet tombe. Je suis sous la menace d'un accouchement prématuré. Le médecin m'arrête un mois et demi avant la date officielle de mon congé mat.
C'est là que ça devient dur.
Moi qui suis toujours en train de m'occuper, à faire des choses, passer des journées entières à NE RIEN FAIRE, c'est super dur. Je suis active de nature, même si me poser un aprem entier à ne rien faire me fait kiffer parfois, mais point trop n'en faut.
Les semaines passent, les mois également, dur de ne voir personne à part mon mari et ma famille.
Et puis un matin, le 25 mai 2013 exactement, vers 9h je commence à ressentir des contractions. Vers 11h ça ne passe pas, je décide d'aller à l'hôpital.
Un peu plus de 15 heures plus tard, Arthur était là. Je le revois encore me fixer avec ses grands yeux ronds dans la couveuse à côté de moi, puis lors de son premier réveil dans la chambre à mes côtés.
On avait décidé avec mon mari de n'autoriser les visites qu'à partir du lendemain. Mais comme j'avais envie de faire plaisir à tout le monde, des amis et de la famille sont venus dès l'aprem.
J'étais contente de les voir mais crevée. Et surtout y'avait un truc qui n'allait pas.
Quand je regardais mon fils je ne ressentais ... rien. J'avais du mal à réaliser que c'était MON fils, que je l'avais attendu aussi longtemps. C'était très étrange.
J'ai pris la décision de l'allaiter. Je m'étais documentée sur le sujet, en long, en large et en travers. Mais ce fut extrêmement dur.
Les premiers jours, j'ai eu super mal. Ça n'a pas aidé à créer LE lien avec mon bébé. Je me souviens que les 5 jours où je suis restée à l'hôpital, il est allé à la nurserie 3 nuits parce que je n'en pouvais plus. Et les aides soignantes lui ont donné des biberons de complément pour ne pas me réveiller. J'étais tellement gazée et tellement mal que ça ne me faisait ni chaud ni froid, alors que cette action, a priori anodine, était en train de purement et simplement flinguer mon allaitement.
Tout au long de ces 5 jours ça n'allait pas mieux. J'étais là sans être là pour les gens qui venaient me rendre visite. Je pleurais quand on m'offrait un cadeau. Je pleurais quand Arthur pleurait. Je pleurais quand mon mari repartait le soir au moment de la fin des visites. Je pleurais en changeant mon fils la nuit quand il se réveillait. Je pleurais sous la douche.
On est enfin rentrés à la maison. Mais ça n'allait pas.Je me souviens avoir passé des moments affreux, à errer chez moi en pyjama, pas lavée pendant des jours, à redouter les moments où je serai seule avec lui. Car quand il criait je me sentais désemparée. Heureusement que mon mari était là.
Je pensais que tout irait mieux le temps aidant. Mais en fait ce fut pire. Arthur perdait du poids malgré mon allaitement à la demande et les (très) nombreuses mises au sein.
L'infirmière de la PMI (aka la nana mandatée par les services sociaux pour vérifier que tu prends bien soin de ton enfant -ne nous mentons pas-) m'a conseillée de passer à l'allaitement mixte.
J'étais contente car cela signifiait en partie le retour de la liberté. Parce que le souci, quand tu allaites un enfant c'est que tu ne peux pas t'absenter sans lui plus de 3 heures. Oui j'aurais pu tirer mon lait et lui donner, mais je ne voulais pas.
Et au bout de deux mois, j'ai dit stop. Arthur est passé au biberon et ce fut une libération pour moi. Pouvoir sortir sans me soucier de l'heure, faire participer mon mari au moment des repas, pouvoir reporter des vêtements normaux, non spécialement conçus pour l'allaitement ... c'était super.
J'ai repris le travail un mois après l'arrêt de l'allaitement. Je pensais que ça irait mieux. Mais maintenant, là, aujourd'hui, 6 mois après, ça ne s'arrange pas.
Y'a eu des moments durant ces 6 mois où ça allait bien, et j'ai surtout accumulé les moments où ça n'allait pas. La fatigue, le stress en partie lié à un travail (que j'aime pourtant et où j'ai la chance d'avoir des supers collègues), le dégoût de mon propre corps après cet événement m'ont détruits.
Je fais ce que l'on appelle une dépression post partum. Bien après mon accouchement certes, mais elle est bien là.
C'est une saloperie qui fait que tu aimes ton enfant, ton mari, ta famille, mais pourtant, quelque part au fond de toi, ça va pas alors que tout devrait aller pour le mieux.
Je suis en train de me soigner. Mais je sais que le chemin sera long.
Le point positif dans tout ça, c'est que je suis sûre d'une chose: j'ai beau voir la vie en noir, j'aime mon fils et mon mari d'un amour inconditionnel. Ce ne fut pas toujours facile, mais je les aime, et c'est ce qui me permet de tenir. Avant, je n'avais pas de but dans la vie. Maintenant ce sont mes deux moteurs pour sortir de la dépression.
Mon mari a toujours été là, et même si notre relation de couple a connu des hauts et des bas, (comme tout le monde j'ai envie de dire), je lui serai éternellement reconnaissante pour tout ce qu'il a fait (directement ou pas) pour moi. Je l'aime énormément pour tout, pour ce qu'il est et ce qu'il m'apporte.
Quand je vois mon fils me sourire, parler tout seul dans son bain, très concentré sur son livre Elmer, quand il tend les bras pour que je le prenne, quand il pose sa tête sur mon épaule pour me faire un câlin pendant un moment calme, quand il essaye de se mettre debout en s'appuyant sur son trotteur, quand il me voit arriver à la crèche le soir et qu'il se met à rire, quand il rigole alors que je le dispute pour la 14ème fois en lui disant que les prises électriques c'est dangereux, quand je me rends compte qu'il a déjà deux dents, qu'il m'appelle "Ba-main", j'ai envie de lui dire
Je t'aime ma bouille d'amour.
Même si c'est pas tous les jours facile pour toi, tu es une super maman! Pour moi une super maman ce n'est pas une maman qui fait tout parfaitement (je ne suis pas sûre que cela existe d'ailleurs!) mais une maman qui fait de son mieux et qui le fait avec amour!
RépondreSupprimerEt tu sais qu'on est là avec les filles, ça fait bientôt 15 ans qu'on l'est et ça ne s'arrêtera pas maintenant! Même si c'est pas facile de demander de l'aide, quand ça va pas, tu sais que tu peux le faire!
Bisous bisous
Merci <3
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